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Marie Claire Tellier

Ce blogue est surtout fait à partir de traduction d'articles ou de sites qui sont censurés par les grands réseaux. Je consacre plusieurs heures par jour à lire des dizaines d'articles pour vous proposer les plus intéressants selon moi. Je mets toujours tous les liens. Les articles explorent différents points de vues qui ne sont pas nécessairement les miens. Je vous laisse seul juge. Les articles peuvent contenir des déclarations qui reflètent l’opinion de l’auteur.

Le projet de loi C-26 du Canada : Un autre coup de force du gouvernement

Technocratie - un dessin animé de 1933 par Winsor McCay.

Technocratie - un dessin animé de 1933 par Winsor McCay.

Par  Mark E. Jeftovic 

Traduction MCT

L'éthique de l'ère soviétique écrase la vie privée et la procédure régulière
 

Un autre projet de loi du gouvernement canadien.

Il suit plusieurs autres projets de loi qui s'acheminent vers le servage...

- Le projet de loi C-11 régit l'Internet sous l'égide du CRTC et ouvre la voie à la modération institutionnalisée du contenu, à l'obligation d'obtenir une licence pour publier en ligne et à la réglementation du contenu généré par les utilisateurs (au Sénat).

- Le projet de loi C-36, le projet de loi sur les préjudices en ligne, vise à désigner la dissidence politique comme un "discours de haine" et prévoit des sanctions pour les critiques des politiciens (je ne sais pas où il en est pour le moment).

- Le projet de loi C-18 jette une bouée de sauvetage financière à l'industrie canadienne de l'agit-prop (alias les médias grand public), en ce sens qu'il obligera les plateformes technologiques à payer des droits de licence pour le contenu que les médias y affichent (adopté en troisième lecture en novembre). Ce projet de loi récompensera les grands conglomérats médiatiques comme Bell, tout en excluant les petites organisations indépendantes.

En voici un autre, le projet de loi C-36 : Loi concernant la cybersécurité, modifiant la Loi sur les télécommunications et apportant des modifications corrélatives à d'autres lois, qui a été adopté en première lecture en juin dernier.

Jusqu'à présent, ce projet de loi est passé largement sous le radar de tout le monde. L'Association canadienne des libertés civiles a activement sensibilisé le public et Michael Geist a reçu Brenda McPhail, leur directrice du programme de protection de la vie privée, de la technologie et de la surveillance, sur son podcast en octobre dernier.

Nous avons mentionné le C-26 dans AxisOfEasy #273 en citant la couverture de Gowling WLG par Brent Arnold (Brent Arnold siège au conseil du chapitre canadien de l'Internet Society, tout comme moi, mais j'écris ce post depuis mon rôle de PDG d'easyDNS, et non de l'ISCC).

Le gouvernement s'octroie par la présente les pouvoirs suivants :

Le nouveau projet de loi est soi-disant un projet de loi sur la cybersécurité et les infrastructures essentielles, mais il est truffé de termes nébuleux et non limitatifs, de dispositions de secret kafkaïennes, de pénalités onéreuses et manifestement dépourvu de tout semblant de procédure régulière :

Il soumet effectivement les secteurs canadiens des télécommunications et de l'Internet aux caprices de bureaucrates et de fonctionnaires politiques non élus.

Suis-je trop grandiloquent ? À vous de me le dire : étant donné que la législation qui leur accorde le pouvoir d'ordonner à un fournisseur de services de télécommunications " de faire ou de cesser de faire quoi que ce soit ". 

"La partie 1 modifie la Loi sur les télécommunications afin d'ajouter la promotion de la sécurité du système canadien de télécommunications comme objectif de la politique canadienne de télécommunications et d'autoriser le gouverneur en conseil et le ministre de l'Industrie à ordonner aux fournisseurs de services de télécommunications de faire ou de s'abstenir de faire tout ce qui est nécessaire pour sécuriser le système canadien de télécommunications. Elle établit également un régime de sanctions administratives pécuniaires visant à promouvoir le respect des ordonnances et des règlements pris par le gouverneur en conseil et le ministre de l'Industrie pour sécuriser le système canadien de télécommunications, ainsi que des règles de contrôle judiciaire de ces ordonnances et règlements."

Je suppose que tout se résume à ce que vous entendez par "n'importe quoi".

En parlant de "n'importe quoi", le gouvernement peut considérer "n'importe quel" service ou système comme un service ou un système vital - ce qui soumet alors cette entité à des exigences, qui...

(a) autorise le gouverneur en conseil à désigner tout service ou système comme étant un service ou un système vital ;

(b) autorise le gouverneur en conseil à établir des catégories d'opérateurs en ce qui concerne un service ou un système d'importance vitale ;

(c) exige que les opérateurs désignés, entre autres, établissent et mettent en œuvre des programmes de cybersécurité, atténuent les risques liés à la chaîne d'approvisionnement et aux tiers, signalent les incidents de cybersécurité et se conforment aux directives en matière de cybersécurité ;

(d) prévoit l'échange d'informations entre les parties concernées ; et

(e) autorise l'application des obligations prévues par la loi et impose des conséquences en cas de non-respect.

Chacun de ces points ouvre une boîte de Pandore en soi, combinés ils ont le potentiel de nationaliser efficacement l'infrastructure d'information du Canada.

Les sanctions en cas de non-conformité sont lourdes : 1 million de dollars par jour pour les particuliers et 15 millions de dollars par jour pour toute autre entité.

Mais attendez, ce n'est pas tout :

En vertu du projet de loi C-26, les ordonnances sont déposées en secret, les fournisseurs de services de télécommunications (FST) peuvent recevoir l'ordre de couper l'accès à tout utilisateur (y compris un autre FST) sans même pouvoir informer l'entité concernée de ce qui se passe, et encore moins de la raison pour laquelle cela se produit.

Le contenu de ces ordres est secret et n'est même pas divulgué à la cible. Je vous recommande d'écouter le podcast Michael Geist / Brenda McPhail ci-dessus pour comprendre la menace qui pèse sur la vie privée des Canadiens.

Moi, qui suis assis ici avec mon chapeau easyDNS et qui dirige un fournisseur d'accès à Internet, je me concentre sur les aspects liés à l'application régulière de la loi.

Plus précisément, l'absence totale de procédure régulière. Depuis vingt-cinq ans, divers gouvernements et leurs agences nous disent de ne pas respecter la procédure et de faire des choses qui, si nous les écoutions, perturberaient les entreprises, les droits individuels et même le réseau lui-même.

Se faire dire de faire ou d'arrêter de faire "n'importe quoi" semble trop large.

C'est encore pire :

Comme dans la législation précédente, des dispositions prévoient l'entrée sans mandat dans des lieux d'affaires ou des résidences privées, afin de fouiller, copier ou retirer tout ce qu'ils jugent pertinent - y compris des documents ou des équipements de télécommunications.

Le C-26 autorise également le gouvernement à partager des données avec des entités étrangères. Encore une fois, tout cela se fait sans aucune des garanties de protection de la vie privée que la plupart des citoyens pensent avoir comme droit constitutionnel, parce que ce projet de loi, et ce gouvernement, ignorent pour la plupart que ces droits existent.

Exemple non-hypothétique

L'année dernière, à peu près à la même époque, le même gouvernement qui présente ce projet de loi a arbitrairement procédé à des saisies de comptes bancaires, non seulement contre des manifestants, mais aussi contre les contributions de crowdfunding à leurs collecteurs de fonds.

Cette mesure a été prise sous l'égide de la Loi sur les situations d'urgence, mais les saisies ont commencé avant même que la Loi sur les situations d'urgence ne soit ratifiée par le Parlement, et la liste des contributeurs aux collectes de fonds provenait en grande partie d'une feuille de calcul tierce qui a été piratée à partir d'une plateforme de crowdfunding étrangère.

Peu importe que tout cela ait disparu en l'espace d'une semaine - rationalisé comme "mission accomplie" (en réalité, la mesure a déclenché une ruée sur les banques et a failli faire exploser le système financier canadien),

On n'en parle pas beaucoup dans les médias, bizarrement...

On n'en parle pas beaucoup dans les médias, bizarrement...

L'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence en 2022 a montré clairement que notre gouvernement est tout à fait prêt à agir unilatéralement, sans procédure régulière, en violation des droits fondamentaux de la personne, pour débanaliser les gens à sa guise.

Le projet de loi C-26 leur donnera un vernis de législation de l'ère soviétique pour vous dépouiller en ligne.

Que pouvez-vous faire ?

Même si j'ai dit que je ne parlais pas avec mon chapeau de l'ISCC aujourd'hui, le chapitre canadien de l'Internet Society est l'un des organismes de la société civile qui fait de son mieux pour apporter des commentaires et des contributions informés et rationnels au processus d'élaboration des politiques. Parmi ses membres, on compte deux anciens commissaires du CRTC et même une personne récemment nommée à l'Ordre du Canada.

Envisagez de vous inscrire comme membre dès aujourd'hui et aidez-nous à apporter un éclairage au processus, ou bien soutenez l'Association canadienne des libertés civiles.

Vous pouvez également faire connaître votre point de vue à votre député. Ils ne se soucient pas d'obtenir votre vote ou non, alors ne prenez pas la peine de leur dire que vous ne voterez pas pour eux. Vous devez parler leur langage, par exemple

"Je sais que vous ne vous souciez pas de mon vote, mais je me sens suffisamment concerné par cette question pour apporter la contribution personnelle maximale autorisée à votre adversaire et collecter des fonds pour lui partout où je le peux."

Dans mon cas, ils ont au moins commencé à répondre à mes courriels après cela.

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