27 Mars 2025
Par Happy Parrot
Traduction MCT
Nous tous, dans tel ou tel contexte, presque contraints, aliénés, récits errants - mots à moitié fous, grognons mais extrêmement vivants - qui chassent activement chaque touche allusive, chaque pensée gloutonne, grotesque, agréable, ancrée, nous errons à la recherche de l'insaisissable, du vrai sacré, qui a été volé il y a longtemps à nos lèvres tremblantes et douloureuses, au plus profond de poitrines encore plus chaudes, la mémoire en spirale dans laquelle est marquée la ligne de départ de notre existence vagabonde dans ce monde irrésistible à l'œil et à l'oreille qui, bien que né comme un véritable voleur chaotique au sourire séduisant et espiègle, héraut cosmique qui s'effondre presque quotidiennement sur lui-même avec une énergie presque frénétique et sauvage, souffre sans un seul geste du visage et rit cyniquement sous le poids indescriptible de la malédiction qui a osé s'enraciner dans son cœur jadis béat et intact.
L'herbe d'un vert éclatant, encore mouillée par l'assaut tonitruant de la pluie nocturne, se répandait silencieusement, presque tranquillement, sous le soleil matinal encore baissant, qui était sorti presque à contrecœur de sa tanière enflammée et n'avait abandonné qu'à grand-peine son oreiller encore plus enflammé et indescriptiblement confortable. Non loin de là, des volées d'oiseaux gracieux avaient résolument entamé leur rituel matinal annoncé, faisant savoir à tous ceux qui avaient encore un grain de bon sens dans leur esprit dispersé qu'un nouveau jour venait d'entamer sa marche bien tracée et qu'il serait sage de préparer son corps encore somnolent aux aventures à venir, de préférence avec un bon vieux café turc et une pâtisserie encore chaude remplie à ras bord de beurre maison et de confiture riche et foncée. Toute cette avant-garde histrionique s'achèverait par un verre bien mesuré de jus d'orange ou un petit coup de rakija (eau-de-vie de poire).
Pour ceux qui ne savent pas mieux ou qui sont en quelque sorte trop sournois, trop raffinés pour un verre matinal de cette liqueur dorée revigorante, dans ce cas, les deux boissons sont un remède que les lèvres et les esprits humains ont loué depuis les temps les plus reculés. Mais à chacun sa boisson, comme le dit si bien l'adage populaire.
La journée, baignée d'un soleil doré et parfait, se traînait paresseusement vers l'heure prévue de midi, indifférente au rythme de travail de ses infatigables participants. Puis, soudain, une collection d'horloges antiques, d'une voix parfaitement synchronisée, a tonné tout en parlant avec sophistication, symbolisant l'arrivée de l'heure du déjeuner. En un instant, une armée de bouches affamées et de jambes légèrement fatiguées s'est mise en route pour un rafraîchissement mental et physique bien mérité. Des bavardages agréables, accompagnés d'éclats de rire, accompagnent le délicieux repas - encore un rituel rempli d'aliments qui plaisent à l'œil mais encore plus aux bouches affamées. Tous les participants à ce rituel étaient des personnes sveltes et musclées d'âge moyen, et presque personne ne se plaignait d'un seul défaut physique. En moins de trente minutes, le joyeux groupe, sans aucun signal urgent ou dramatique, s'est dispersé sans trop de grognements inutiles, disparaissant en quelques minutes dans les bâtiments voisins qui accueillaient avec empressement leurs compagnons habituels. Le bourdonnement enjoué et joyeux du repas s'est simultanément infiltré dans ces grandes structures impeccablement entretenues, où il a poursuivi sa marche triomphale.
Les bâtiments blancs et bleus, dont les sommets étincelants perçaient sans crainte l'horizon bleu cristal, étaient d'une propreté incompréhensible mais élégante, sans un seul graffiti d'adolescent dessiné à la hâte, sans un seul message d'amour bruyant déclarant « qui aime qui et combien », comme c'est le cas dans n'importe quelle ville de la terre. À première vue, les trottoirs, semblables à du marbre, semblaient impeccables, mais ils étaient faits d'une pierre blanche inconnue, qui reflétait souvent un éclat brillant de tout ce qui tombait dans son sein hautement poli. Ce matériau énigmatique, dont la surface était parfaitement nettoyée, ne présentait pas le moindre défaut visible, pas le moindre mégot de cigarette, pas la moindre tache sombre non autorisée susceptible d'intriguer l'œil toujours curieux d'un passant ordinaire dans cette ville très animée - une ville enveloppée soit d'une aura d'énergie incessante et de travail rythmé, soit plongée dans une obscurité totale, presque grotesque.
La nuit est le moment où aucune lumière ne brille, où rien ni personne n'existe dans ce grand moteur économique qui, de jour, semble ne jamais cesser d'exploser pour qui que ce soit. Pourtant, comme nous le voyons, cette hypothèse n'est pas tout à fait exacte.
À cinq heures précises de l'après-midi, la joyeuse foule de travailleurs, quelque peu fatiguée mais toujours pleine d'un enthousiasme contagieux, a rassemblé ses affaires, et la ville autrefois bruyante a plongé, avec la disparition de la présence humaine active, dans un silence total et paralysant - accompagné seulement par les souffles d'un vent grondant qui hurlait de manière belliqueuse à travers le milieu désormais vide et fantomatique. Une ville qui, en près d'une heure, avait perdu tout son dynamisme et s'était transformée en une image gothique sombre, commémorative, au style douteux, d'un cimetière oublié depuis longtemps, dont plus personne ne se soucie, à l'exception peut-être de quelques gargouilles stoïques et pétrifiées.
Dans moins d'une heure et demie, la nuit tombera, et la nuit, rien ni personne n'existe - personne ne vit dans la ville. Personne ne sait pourquoi. Personne ne s'est jamais demandé pourquoi cette règle très particulière n'a jamais été soumise à un examen approfondi, à une enquête existentielle plus ambitieuse.
« La folie est rare chez les individus, mais dans les groupes, les partis, les nations et les âges, elle est la règle. (Par-delà le bien et le mal, 1886)... (Beyond Good and Evil, 1886)