10 Mars 2025
Par Paul Craig Roberts
Traduction MCT
Le président Trump a montré qu’il était aussi préoccupé par les intérêts d’Israël que par ceux des Américains MAGA. J’ai exprimé l’espoir que la soumission écœurante de Trump à Israël soit une stratégie pour tenir le lobby israélien à distance jusqu’à ce qu’il puisse s’occuper d’autres opposants qui se dressent sur le chemin de son programme intérieur. J’ai toujours cet espoir, mais il a été ébranlé par le sacrifice par l’administration Trump de la liberté d’expression, protégée par la Constitution, afin de protéger Israël des critiques.
Vendredi dernier, Epoch Times a rapporté que l’administration Trump avait annulé 400 millions de dollars de subventions fédérales à l’Université de Columbia pour ne pas avoir agi sur les allégations d’antisémitisme. Le « Groupe de travail conjoint de l’administration Trump pour combattre l’antisémitisme » se compose des ministères de la Justice, de l’Éducation, de la Santé et des Ressources humaines, et de l’Administration des services généraux. Les membres de ce groupe de travail sont bien placés pour s’attirer les bonnes grâces d’Israël, ce qui peut facilement se traduire par des postes bien énumérés une fois leur mandat au gouvernement terminé.
Que veut dire le groupe de travail de Trump par « antisémitisme » ? Cela signifie protester contre la destruction de la Palestine par Israël. Cela signifie que, peu importe l’horreur des crimes de guerre commis par Israël et peu importe l’inculpation de Netanyahou par la CPI, le fait que des étudiants et des professeurs protestent contre un génocide ou un meurtre de masse, si Israël en est le coupable, est « antisémite ». Il est acceptable de protester contre d’autres pays, mais pas contre Israël.
Les protestations contre les actions d’Israël sont assimilées au harcèlement et à la persécution des étudiants juifs de Columbia. Cette équation implique que les Américains juifs s’identifient à Israël et non aux États-Unis. Un immigrant d’Angleterre se sent-il harcelé et persécuté si des Américains protestent contre l’Angleterre ?
Le président Trump a qualifié les protestations contre Israël de « protestations illégales ». En d’autres termes, Trump dit que l’exercice de la liberté d’expression si Israël est la cible est illégal parce qu’il est antisémite. Les manifestants peuvent dire ce qu’ils veulent des Américains, de la Russie, de la Chine, des musulmans et des Palestiniens, mais pas des Israéliens.
Trump est également coupable d’avoir confondu les citoyens israéliens avec les citoyens juifs américains. Si Trump appliquait ses normes israéliennes à toutes les ethnies, personne ne pourrait exprimer la moindre critique ni protester contre une quelconque action d’un gouvernement.
Trump a déclaré : « Tous les financements fédéraux cesseront pour tout collège, école ou université qui autorise des manifestations illégales. Les agitateurs seront emprisonnés ou renvoyés définitivement dans le pays d’où ils viennent. Les étudiants américains seront expulsés définitivement ou, selon… le crime, arrêtés. » Trump n’a pas expliqué comment le premier amendement est devenu illégal. Son diktat s’applique-t-il à Black Lives Matter et à Antifa, aux manifestations LGBTQ ?
Trump, le ministère de la Justice et d’autres ministères se rendent-ils compte qu’ils ont criminalisé un droit protégé par la Constitution si ce droit est utilisé pour protester contre le massacre de masse des Palestiniens par Israël ? Aux États-Unis, est-il désormais illégal de protester contre un génocide si les Israéliens en sont les auteurs ?
J’ai été surpris d’apprendre que Columbia, une riche université privée, recevait 400 millions de dollars de l’argent des contribuables américains. Mais il s’avère que 400 millions de dollars ne sont que la pointe de l’iceberg. The Epoch Times rapporte que Columbia « détient environ 5 milliards de dollars de subventions fédérales ».
C’est une somme importante, même pour Columbia. En réponse à la menace financière, l’administration de l’université a accepté la destruction du Premier Amendement par l’administration Trump et s’est rapidement ralliée à l’administration Trump. Columbia a annoncé que son administration était « pleinement engagée dans la lutte contre l’antisémitisme » et « se réjouit de poursuivre le travail avec la nouvelle administration fédérale pour lutter contre l’antisémitisme ».
Trump et ses partisans ne reconnaissent pas la contradiction flagrante entre la suppression de la liberté d’expression et le fait de rendre sa grandeur à l’Amérique.
La grandeur de l’Amérique ne vient pas de la tyrannie. La grandeur de l’Amérique réside dans les libertés civiles garanties par la Constitution américaine. Il est décourageant de voir le Premier Amendement attaqué par le régime Trump.