21 Avril 2025
Image tirée de « New CIHI data shows Manitoba ER wait times among the worst in Canada », Global News, 28 août 2024.
Par Rhoda Wilson
Traduction MCT
Dans le système de santé canadien, le délai entre l'orientation et le traitement a triplé depuis 1993. L'offre de médecins, d'IRM et de lits d'hôpitaux ne peut répondre à la demande de soins subventionnée par l'impôt. Le système rationne donc les services de santé en fonction des temps d'attente.
Comme l'explique Vincent Geloso, ce problème est dû au fait que le Canada, tout comme le Royaume-Uni, dispose d'un système de santé socialisé, que l'Organisation mondiale de la santé appelle « soins de santé universels ». Le rationnement des services est une nécessité dans un système de santé socialisé.
L'attente est le prix : Le rationnement silencieux frappe les soins de santé au Canada
Par Vincent Geloso, tel que publié par The Daily Economy de l'AEIR le 21 avril 2025
Le mois dernier, une vidéo était en vogue sur les médias sociaux, montrant une Canadienne expliquant qu'elle devait attendre 13 mois pour un examen d'imagerie par résonance magnétique (« IRM ») afin de vérifier la présence d'une tumeur cérébrale.
Sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter, des notes de la communauté sont apparues pour dire que la vidéo était trompeuse. « La priorité est décidée par les médecins, pas par la province », a écrit un commentateur. Un autre a fait remarquer que les temps d'attente variaient d'une province à l'autre.
Tout cela n'enlève rien aux vérités fondamentales : Les soins de santé canadiens ne sont pas gratuits et ils ont deux prix : les impôts que les Canadiens paient et les temps d'attente qui font payer les Canadiens sous la forme d'un rationnement des services.
Le système de santé public du Canada exige en fait un rationnement pour limiter les coûts. Comme les services sont offerts gratuitement, la demande excède l'offre de médecins, d'équipements et d'installations. Si les différentes provinces (qui gèrent la plupart des services de santé) voulaient répondre à la totalité de la demande, chacune devrait augmenter considérablement les impôts pour financer les services. Pour limiter les dépenses (en gérant le déséquilibre de l'offre publique) et donc les impôts, le système s'appuie sur le rationnement par les temps d'attente plutôt que par les prix.
Ce rationnement éloigne de nombreux patients des établissements de soins ou les encourage à éviter de traiter des affections mineures mais néanmoins problématiques. Ces coûts ne sont pas visibles dans les taxes payées pour les soins de santé, mais ce sont des coûts réels qui comptent pour les gens.
Tout ceci peut sembler être le fait d'un économiste qui force tout à entrer dans la « boîte à économie », mais ce point a également été reconnu par les principaux architectes des systèmes de soins de santé publics eux-mêmes. Claude Castonguay, qui a été ministre de la santé du Québec pendant la période d'expansion des soins publics, l'a admis dans son autobiographie élogieuse. La réalité, explique-t-il, est que l'élimination du rationnement impliquerait des coûts nettement plus élevés - des coûts que les politiciens ne sont généralement pas disposés à justifier par les augmentations d'impôts nécessaires. De nombreux rapports gouvernementaux considèrent également qu'il s'agit d'une caractéristique indissociable de l'offre publique, même s'ils ne le disent pas aussi franchement que je le fais ici.
Pour illustrer l'ampleur du rationnement (et la tendance), on peut examiner l'évolution du nombre médian de semaines entre l'orientation par un médecin généraliste et la réception du traitement entre 1993 et 2024. Dans la plupart des provinces (sauf une), le temps d'attente médian en 1993 était inférieur à 12 semaines. Aujourd'hui, toutes les provinces ont un temps d'attente proche ou supérieur à 30 semaines. Dans deux provinces, le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard, les temps d'attente médians dépassent 69 semaines. Pour certaines procédures, comme la neurochirurgie, le temps d'attente (pour toutes les provinces) dépasse 46 semaines.
L'estimation du coût total du rationnement des soins de santé est loin d'être simple. La principale difficulté consiste à trouver un équilibre entre la fiabilité des données et l'étendue des conditions prises en compte. Si certaines procédures et affections sont bien documentées, elles ne représentent qu'un sous-ensemble de celles qui font l'objet d'un rationnement. Pour de nombreuses autres pathologies, la qualité des données est limitée ou incohérente, ce qui rend difficile une analyse exhaustive. Par conséquent, la plupart des études empiriques se concentrent étroitement sur les domaines où les mesures sont plus solides, laissant une grande partie du coût total non prise en compte.
En 2008, l'Association médicale canadienne (« AMC ») a publié une étude estimant le coût économique des temps d'attente pour quatre procédures majeures : l'arthroplastie totale, la chirurgie de la cataracte, le pontage aorto-coronarien (« PAC ») et l'IRM. Pour l'année 2007, l'AMC a estimé que le coût de l'attente s'élevait à 14,8 milliards de dollars canadiens. Par rapport à la taille de l'économie canadienne à l'époque, cela représentait environ 1,3 % du produit intérieur brut (« PIB »). Cette étude n'incluait pas, comme l'a fait remarquer un ancien président de l'AMC, 4,4 milliards de dollars de manque à gagner pour le gouvernement en raison de la réduction de l'activité économique. Elle n'inclut pas non plus le coût des délais d'attente pour l'obtention de nouveaux médicaments.
Ces procédures ne couvrent pas l'ensemble des retards dans le système et ne concernent que quelques procédures - et l'analyse n'a porté que sur une définition arbitraire des temps d'attente « excessifs ». En 2013, le Conference Board du Canada a constaté que l'ajout de deux affections supplémentaires faisait passer le coût de 14,8 à 20,1 milliards de dollars.
Une autre étude a utilisé une méthode similaire, mais a considéré le coût en termes de perte de salaire et de loisirs. Elle est arrivée à un chiffre, pour 2023, de 10,6 milliards de dollars, soit 8 730 dollars par patient en attente.
Une étude a tenté d'estimer le coût du rationnement en termes de vies perdues. Cela peut sembler insensible, mais les vies perdues sont synonymes de perte de productivité, ce qui permet d'évaluer approximativement le coût des temps d'attente. Une étude a montré qu'une semaine supplémentaire de délai entre la rencontre avec un médecin généraliste et une intervention chirurgicale augmentait le taux de mortalité des patientes de 3 pour 100 000 habitants. Étant donné que la perte d'une vie est estimée à 6,5 millions de dollars canadiens, il ne s'agit pas d'un coût social négligeable en termes de mortalité.
Et tout cela pour quoi ? On pourrait arguer que ces temps d'attente vont de pair avec des soins de qualité une fois qu'ils sont obtenus. Ce n'est pas vrai non plus.
En tenant compte de l'âge de la population, le Canada se classe (sur 30) :
Dans une étude comparative portant sur les résultats des soins - tels que le traitement du cancer, la sécurité des patients et la réussite des procédures - « le Canada a obtenu de bons résultats pour cinq indicateurs de qualité clinique, mais ses résultats pour les six autres ont été jugés moyens ou médiocres ». Et ce, même si, après ajustement de la structure d'âge de la population, le Canada se classe parmi les pays les plus dépensiers d'un groupe de 30 pays comparables. En réalité, quelles que soient les nuances que l'on souhaite apporter - de bonne foi, par pédantisme ou simplement pour troller - le message principal de la vidéo virale reste exact : Le système de santé canadien fonctionne bien pour ceux qui peuvent se permettre d'attendre. J'ajouterais même : attendre très longtemps.
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