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Marie Claire Tellier

La crise d'octobre 1970 : Un complot soigneusement préparé

Par Matthew Ehret

Traduction MCT

La crise d'octobre 1970 : Un complot soigneusement préparé

Ceci est la deuxième partie d'une série de deux articles publiés dans une édition de 2013 de la Canadian Patriot Review aux côtés du journaliste français Benoit Chalifoux.

La liste des structures et institutions qui suit montre clairement que certains, dans les milieux officiels, avaient anticipé la crise d'octobre 1970, crise qui avait été concoctée pour aboutir à la Loi sur les mesures de guerre et à une consolidation du pouvoir entre les mains de la " nouvelle élite technocratique " qui avait pris le contrôle de la Révolution tranquille après la mort du premier ministre québécois Daniel Johnson en 1968 et l'éviction de Jean Lesage et de Charles de Gaulle du pouvoir politique en 1969.

Le but du présent rapport, qui s'appuie largement sur les récits de Pierre Vallières, tirés de son livre L'exécution de Pierre Laporte, les dessous de l'opération Essai (Editions Québec-Amériques, 1977), n'est pas d'établir la cause de la Crise d'octobre, mais de démontrer suffisamment que le récit officiel couramment utilisé pour expliquer cette période est faux. Non seulement cela, mais comme les faits le montreront, la cause de ces terribles événements a été organisée par des institutions plus puissantes à l'intérieur et au-dessus du gouvernement canadien.

Il est également nécessaire de garder à l'esprit que non seulement aucune autopsie n'a jamais été pratiquée sur le corps du premier ministre Daniel Johnson Sr. lors de sa mort mystérieuse en 1968 (que le président de Gaulle a sans aucun doute compris dans ses moindres détails avant de subir sa propre révolution de couleur en 1969), mais que le corps de l'allié de Johnson, Pierre Laporte, n'a pas non plus été autopsié après son assassinat pendant la Crise d'octobre, que nous documentons ci-dessous.

Au niveau fédéral (Ottawa)

  • Basé à Ottawa, le Centre des opérations stratégiques (COS) est le relais de l'armée auprès du gouvernement Trudeau.  Son existence n'a été rendue publique qu'en 1975, tout comme celle du Centre national de planification des mesures d'urgences (C.N.P.M.U.), qui travaillait en étroite collaboration avec le SOC.  A la lumière de ce que nous savons aujourd'hui, on peut imaginer que la tâche de ces centres était d'élaborer, et de mettre en œuvre, des scénarios pouvant conduire à la promulgation de la loi sur les mesures de guerre.
  • Création du Comité du 7 mai 1970 : créé par le gouvernement fédéral à la suite des élections du 29 avril 1970, comme nous le verrons bientôt.  La décision n'est révélée que le 23 décembre 1971, par le quotidien torontois The Globe and Mail.

Au Québec

Opération Essai, dérivée d'un premier plan, élaboré en 1960, par la Section de la planification et des opérations du Commandement du Québec.  Cette même année 1960, Jean Lesage devient chef du gouvernement du Québec et lance la "Révolution tranquille", un processus à caractère bipolaire. Ce processus est devenu un champ de bataille clé entre deux forces opposées. La première visait à installer une élite technocratique au Québec tout en sécularisant la province en vue d'une nouvelle culture malthusienne qui pourrait être reconstruite selon la volonté de l'oligarchie. La force opposée était représentée par les forces d'édification nationale, en grande partie catholiques, alors centrées sur Lesage et Daniel Johnson, qui souhaitaient diriger l'énergie révolutionnaire qui embrassait alors le Québec autour d'une stratégie anti-impériale de républicanisme et de progrès technologique.

  • 1966 : l'infanterie, l'aviation et la marine sont regroupées et un nouveau commandement de l'armée mobile est mis sur pied à la base militaire fédérale de Saint-Hubert.
  • 1969 : le Commandement de l'Armée Mobile crée la Section des Urgences Civiles, qui limite les contacts avec l'armée à des personnalités politiques soigneusement sélectionnées.
  • 7 juin 1970 :  Michel Côté, chef du contentieux de la ville de Montréal, est secrètement nommé à la tête de l'Escouade combinée anti-terroriste (C.A.T.).  Son travail consiste à surveiller Jean Drapeau, alors maire de Montréal.

Chronologie de la crise d'octobre 1970

La chronologie ci-dessous remet en cause la thèse officielle, et met en évidence de nombreuses contradictions.

  • 1966 :  Daniel Johnson est élu Premier ministre du Québec, donnant aux forces catholiques anti-malthusiennes une nouvelle ouverture pour reconquérir leur pouvoir perdu sur le continent. Cette élection coïncide avec la montée en puissance de Robert F. Kennedy, qui se prépare à annoncer en 1968 son intention de relancer la politique de son frère dans sa candidature à la présidence.
  • 1967 :  Charles de Gaulle visite le Québec à l'invitation de Johnson. Des accords sont conclus entre les deux dirigeants sur la technologie avancée, les infrastructures, la technologie spatiale et les programmes culturels. De nombreux éléments de cet arrangement étaient basés sur l'assistance franco-québécoise en matière de technologie et de formation aux anciennes colonies africaines qui accédaient à l'indépendance. Le président français est invité à revenir à la fin de l'année 1968 pour le Sommet de la Francophonie.
  • 26 septembre 1968 : Daniel Johnson meurt dans des circonstances inhabituelles quelques heures à peine avant la cérémonie d'inauguration du barrage Manicouagan-5 que Johnson avait mis en place dix ans plus tôt aux côtés de Paul Sauvé, alors premier ministre et bâtisseur de la nation. Officiellement, il a succombé à une crise cardiaque. En 1969, De Gaulle est chassé du pouvoir par un simulacre de référendum anarchique en France. De Gaulle lui-même avait survécu à plus de 13 tentatives d'assassinat menées en grande partie par le Permindex basé à Montréal, qui était également au centre de l'assassinat du président Kennedy en 1963. Deux des trois premiers ministres de l'Union nationale qui ont précédé Johnson ont connu le même sort et sont morts d'une crise cardiaque pendant leur mandat, en l'espace de six mois. Maurice Duplessis est mort le 7 septembre 1959, tandis que Paul Sauvé est décédé le 2 janvier 1960.
La crise d'octobre 1970 : Un complot soigneusement préparé
  • 1968 : Les deux plus grands ennemis de Daniel Johnson : Pierre Trudeau et René Lévesques, tous deux agents des réformes technocratiques de la Révolution tranquille dirigées par l'Université Laval de Georges Henri Lévesque, sont mis en place pour polariser le Canada entre deux fausses notions de nationalisme et installer une nouvelle forme de structure de pouvoir malthusienne aux niveaux provincial et fédéral. Trudeau est nommé Premier ministre et Lévesque fonde le Parti québécois (deux semaines après la mort de Johnson), qui deviendra plus tard Premier ministre du Québec (1976-85). Le PQ absorbe un grand nombre de forces indépendantistes plus saines qui défendaient la formule de Johnson "L'indépendance si nécessaire, mais pas nécessairement l'indépendance".
  • 1968-1970 : de violentes manifestations éclatent à Montréal.
  • La Section des urgences civiles prévoit de " graves perturbations " lors des élections d'avril, et déclare qu'il faudra peut-être faire appel à l'armée pour " protéger le vote démocratique ".
  • 29 avril 1970 : Tenue des élections provinciales où les séparatistes obtiennent 23 % des voix.
  • Février et juin 1970 : deux complots d'enlèvement sont découverts par la police de la Communauté urbaine de Montréal (CUM).  L'un des complots, qui devait être lancé en juin 1970, était une attaque du FLQ contre le consulat américain, lancée par les FLQistes Lanctôt et Marcil.
  • 27 mai 1970 : parution d'un article dans La Presse sur le rôle de l'armée dans la répression des troubles civils au Canada.  Selon cet article, les opérations militaires seraient menées à partir de la base de Saint-Hubert.

Selon Pierre Vallières, " à la fin de l'été 1970, tout était en place, et la liaison entre l'armée et les forces de police concernées était devenue hebdomadaire, parfois quotidienne ".  Il ajoute que " en juin, le contenu du manifeste d'octobre avait déjà été publié dans certains journaux, à la suite du complot avorté de Lanctôt-Marcil contre le consulat américain ; les revendications du FLQ étaient connues et, enfin, les bases opérationnelles du FLQ (à l'exception de l'appartement loué en septembre dans le nord de Montréal par Cossette-Trudel) avaient été démantelées ou étaient connues de la police.  Le FLQ-1970 était sous contrôle en octobre, et aucune surprise n'était possible ".

James Cross est enlevé

  • 5 octobre 1970 : le diplomate britannique James Cross est enlevé.  La première démarche de la police est de se rendre directement au domicile du consul de Grèce !  La trace des kidnappeurs est perdue.  Les ravisseurs exigent la publication du manifeste du FLQ et la libération de leurs prisonniers politiques.
  • 7 octobre : 13 heures.  Mme Cross reçoit des photos de la police et identifie Jacques Lanctôt comme l'un des ravisseurs.
  • 8 octobre : le manifeste du FLQ est publié, mais les négociations se poursuivent pour la libération des prisonniers politiques.

Enlèvement de Pierre Laporte : la crise s'intensifie.

  • 10 octobre (17h40) : le ministre de la Justice du Québec annonce que les autorités ont décidé de rejeter catégoriquement les demandes des ravisseurs de Cross et de ne pas libérer les prisonniers politiques.
  • 10 octobre (18 h 18) :  Pierre Laporte, vice-premier ministre du Québec et ministre du Travail et de l'Immigration, est enlevé devant son domicile, alors qu'il s'apprêtait à jouer au ballon avec son neveu.  Pierre Laporte était le numéro deux du gouvernement du Québec et, à ce titre, il bénéficiait prétendument d'une protection policière spéciale.  Mais la première chose que la police a faite - après avoir été informée de l'enlèvement dans les deux minutes qui ont suivi - a été, une fois de plus, de se rendre directement au mauvais endroit !

Vallière rapporte que " les six témoins oculaires de l'enlèvement de Pierre Laporte (son neveu, sa femme et leurs voisins) sont unanimes : les ravisseurs étaient "propres" et bien habillés, ce que le sergent Desjardins a confirmé aux journalistes le soir même (...) Un autre témoin, qui travaillait dans une station-service du boulevard Taschereau, a déclaré que peu avant l'enlèvement du ministre, des inconnus lui avaient demandé comment se rendre rue Robitaille. J'ai cru que c'était des policiers, dit-il, parce que l'un d'eux portait quelque chose qui ressemblait à un talkie-walkie".

  • Nuit du 12 au 13 octobre : le Commandement mobile de l'Armée envoie un émissaire au ministre de la Justice du Québec, Jérôme Choquette, pour lui demander de signer, au nom du cabinet Bourassa, une lettre exigeant l'intervention des forces armées.  Le cabinet n'est alors pas prêt à signer, et Choquette annonce qu'il poursuivra ses efforts pour persuader les éléments réticents.
  • 15-17 octobre :  " pour sauver les apparences ", le Parlement canadien débat de l'opportunité de proclamer la loi sur les mesures de guerre.  L'opposition manifeste son mécontentement jusqu'au samedi 17 octobre.  Le corps de Pierre Laporte est alors découvert, " prouvant " a posteriori que les mesures déclenchées le 16 octobre étaient nécessaires.
  • 15 octobre (deux heures de l'après-midi) : l'armée canadienne commence à se déployer au Québec, à la demande de Bourassa.
  • 15 octobre (neuf heures du soir) :  Bourassa monte d'un cran et fixe un délai de six heures pour que les ravisseurs lui remettent James Cross et Pierre Laporte.
  • 16 octobre (dans la nuit) :  Le premier ministre du Québec, M. Bourassa, signe une lettre écrite par le ministre fédéral de la Justice, M. Marc Lalonde, instituant la Loi sur les mesures de guerre.  Plusieurs milliers de soldats sont déjà déployés dans les rues de Québec et dans la capitale fédérale, Ottawa.  Grâce à la Loi sur les mesures de guerre - dont l'application n'a pas à être votée par le Parlement et qui n'a JAMAIS été abrogée depuis - le couvre-feu est aboli, les libertés civiles sont suspendues et, entre autres, les perquisitions sans mandat dans les domiciles privés deviennent légales.  Plus de quatre cents personnes ont été arrêtées.
  • 16 octobre (quatre heures du matin) :  En réunion de conseil, le gouverneur général, représentant direct de la Reine au Canada, approuve la proclamation de l'état d'urgence, en vertu duquel la Loi sur les mesures de guerre entre automatiquement en vigueur.
  • 17 octobre (quatre heures de l'après-midi) : un membre de la cellule qui se fait appeler "Dieppe (Royal 22°)" (c'est le nom d'un régiment canadien français mais qui n'était pas, curieusement, à Dieppe pendant la Seconde Guerre mondiale, où de nombreux Canadiens français sont morts) appelle la station de radio CKAC.  Il s'agirait d'une troisième cellule du FLQ, inconnue jusqu'alors.  L'appelant annonce que Pierre Laporte a été assassiné.  Les communiqués précédents provenaient tous de la cellule du FLQ connue sous le nom de Libération, qui détenait James Cross, et qui parlait au nom de la cellule Chenier, dont les membres étaient présumés être les ravisseurs de Pierre Laporte. La cellule Libération, qui semble trouver l'affaire "Dieppe (Royal 22°)" inquiétante, publie à la mi-journée un communiqué appelant la presse à dénoncer un "montage" du gouvernement fédéral.  La police a empêché la publication de ce communiqué jusqu'au 8 décembre.
  • Le corps de Pierre Laporte est retrouvé dans le coffre de la voiture qui a servi à l'enlever (des témoins avaient noté le numéro d'immatriculation de la voiture à l'époque) plus tard dans la soirée sur la base militaire de Saint-Hubert ( !), juste à côté du Commandement mobile de l'armée.  Compte tenu de l'état d'urgence en vigueur, qui, je le demande, aurait pu conduire la voiture sur la base sans être arrêté et fouillé ?  La crédibilité est bien au-delà du point de rupture ici.
La crise d'octobre 1970 : Un complot soigneusement préparé

Dans les heures qui ont suivi la mort de Pierre Laporte, les autorités ont diffusé le signalement de Paul Rose et de Marc Carbonneau, mais pas celui de Jacques Rose, Francis Simard ou Bernard Lortie.  Paul Rose, Jacques Rose et Francis Simard (présumés membres avec Bernard Lortie de la cellule Chénier, tandis que Marc Carbonneau et Jacques Lanctôt faisaient partie de la cellule Libération détenant James Cross) étaient fichés et suivis par la police depuis 1968 au plus tard.  Les trois hommes se trouvaient au Texas (ou peut-être au Mexique) depuis septembre 1970, et étaient revenus au Québec après l'enlèvement de James Cross.  Les nombreux déplacements des membres de la cellule Chénier pendant la détention de Pierre Laporte (et l'incarcération temporaire de Jacques Rose et Francis Simard entre le 15 et le 17 octobre) permettent de supposer que ce ne pouvait être que quelqu'un de tout à fait différent qui surveillait le ministre, et que le rôle réel joué par la cellule dans l'enlèvement et le meurtre de celui-ci était secondaire, peut-être même fictif.

  • 19 octobre : la maison où Pierre Laporte a été retenu et assassiné, selon la thèse officielle, est " découverte " : 5630 rue Armstrong à Saint-Hubert, près de la base militaire susmentionnée portant ce nom.  Cette même maison avait été saccagée par la police alors que le ministre s'y trouvait peut-être, mais rien n'a été découvert.  Bourassa a dit à Mme Laporte le 14 octobre que la police avait trouvé l'endroit où son mari était détenu :  "Il sera libéré dans les heures qui suivent, nous attendons l'occasion de le faire sans le mettre en danger ". La question reste posée : cette planque était-elle au 5630 rue Armstrong ?
  • 2 novembre : le ministre fédéral John Turner propose un projet de loi sur les mesures d'urgence, basé sur la loi sur les mesures de guerre.  La loi sur les mesures d'urgence est votée le 1er décembre et entre en vigueur pour cinq mois.
  • 3 décembre : la loi sur les mesures d'urgence est promulguée par la Reine.  La crise est, du moins en apparence, terminée.  Pourquoi de nouvelles mesures d'urgence ?

À ce moment précis, James Cross est libéré, et ses ravisseurs de la cellule de Libération bénéficient d'un sauf-conduit vers Cuba.

  • Fin décembre :  Paul et Jacques Rose, ainsi que Francis Simard sont arrêtés.  Le rapport du médecin légiste se base sur des aveux non signés.  Paul Rose ne reconnaît jamais, pas même verbalement, les aveux qui lui sont attribués.  Bien qu'il soit en garde à vue, pour éviter tout risque qu'il ne vende la mèche en plein tribunal, il est jugé par contumace, ce qui est incroyable !
  • 31 mars 1971 :  Paul Rose, Bernard Lortie et Francis Simard sont condamnés à la prison à vie. Jacques Rose, qui sera jugé plus tard, est acquitté.  Le ministère public ne fait pas appel.  Jacques Lancôt et Marc Carbonneau étaient déjà en exil à Cuba.

Si l'on s'en tient aux termes explicites de la loi sur les mesures de guerre, le pays tout entier était sur le point de sombrer dans le meurtre et le chaos.  La vérité est plutôt différente : le FLQ était une organisation minuscule, composée de deux cellules et d'une dizaine de membres au total !  Mais nous lisons, à l'article 2 de la Loi sur les mesures de guerre :

" PREUVE DE GUERRE

L'émission d'une proclamation par Sa Majesté, ou sous l'autorité du gouverneur en conseil, sera une preuve concluante que la guerre, l'invasion ou l'insurrection, réelle ou appréhendée, existe et a existé pour toute période de temps indiquée, et de sa continuation, jusqu'à ce que par l'émission d'une autre proclamation il soit déclaré que la guerre, l'invasion ou l'insurrection n'existe plus".

Jusqu'en 1970, la Loi sur les mesures de guerre, promulguée pour la première fois en 1914, n'avait été proclamée que deux fois auparavant : lorsque le Canada est entré dans la Première Guerre mondiale, en 1914, et dans la Deuxième Guerre mondiale, en 1939.  Ici, nous devons considérer l'opinion personnelle du gouverneur général comme une "preuve concluante" d'un état de guerre qui n'existait absolument pas.

Que pensait la victime elle-même de tout cela ?  Tout ce que l'on sait avec certitude, c'est que dans aucune des lettres qu'il a adressées à Robert Bourassa lors de son enlèvement, Pierre Laporte n'a jamais fait référence au FLQ, et que ni sa femme, ni la plupart de ses amis n'ont jamais cru à la version officielle. Un rapport de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) daté du 3 mars 1971 indique que Mme Laporte était d'avis que les autorités avaient exécuté son mari.

Il existe une similitude effrayante entre l'enlèvement et le meurtre de Laporte et celui de l'ancien Premier ministre Aldo Moro en 1978, jusqu'au détail de la police qui tourne en rond dans les environs de la planque.  Dans les deux cas, la suite des événements montre que l'intention réelle n'a jamais été de libérer la victime de l'enlèvement, mais d'utiliser la crise pour déplacer le rapport de force dans le pays, en faveur des intérêts de la finance rentière.

La crise d'octobre 1970 : Un complot soigneusement préparé

L'aisance matérielle des terroristes

Il est assez étonnant qu'un si grand nombre d'acteurs de cette époque se soient élevés à des positions d'aisance matérielle et de proéminence sociale.  Précisément au moment où la synarchie a lancé une nouvelle vague de stratégie de tension en Europe et en Amérique, elle semble vouloir garder la main sur les principaux acteurs des événements d'octobre 1970, afin d'éviter qu'ils ne révèlent ce qui s'est réellement passé.

L'ex-FLQ Jacques Lanctôt possède aujourd'hui sa propre maison d'édition, avec un important fonds de commerce sur les questions culturelles, sociologiques et psychologiques, et des essais sur le mouvement séparatiste.  Le 28 mars 2004, Télé-Québec a diffusé un documentaire intitulé Otage, composé d'entretiens avec Jacques Lanctôt, qui a kidnappé James Cross, et avec la famille Cross. Le documentaire a été terminé au début de 2004. Lanctôt est maintenant un journaliste de premier plan chez Canoë Inc. qui appartient à Quebecor (dont le vice-président n'est autre que Brian Mulroney).

De 1996 à 2002, Paul Rose a connu un succès si miraculeux qu'il est devenu le chef de l'aile québécoise du Nouveau parti démocratique du Québec ! Ce Parti a fusionné avec l'Union des Forces Progressistes qui a elle-même fusionné avec deux autres organisations pour devenir Québec Solidaire qui détient actuellement 7,6% des sièges à l'Assemblée nationale du Québec. Le 14 mars 2013, le député Amir Khadir, porte-parole de Québec Solidaire, a présenté une résolution à l'Assemblée nationale pour honorer Paul Rose.

Les " dossiers Trudeau " du SCRS effacés en 1989

Le 15 juin 2019, le fait étrange a été rendu public par le National Post du Canada : l'intégralité du dossier du SCRS/GRC compilé pendant 40 ans sur le plus célèbre premier ministre du Canada, Pierre Elliot Trudeau, a été détruit par la plus grande agence d'espionnage du Canada... en 1989.

Comment ce fait embarrassant a pu passer inaperçu pendant si longtemps est lié aux lois sur l'accès à l'information au Canada qui rendent tous les dossiers gouvernementaux disponibles sur tout citoyen public ou privé 20 ans après leur mort. En 2019, des historiens en quête d'une histoire ont déposé des demandes anticipées pour lire ce dossier tant attendu qui était censé attendre des yeux scrutateurs aux Archives du Canada. La réponse qu'ils ont reçue du SCRS et des Archives nationales est que cet énorme trésor de documentation a été détruit parce qu'il ne répondait pas "au seuil fixé par la Loi sur le SCRS pour justifier son maintien dans l'inventaire actif du service". Le dossier ne répondait pas non plus aux critères de conservation établis par les archives nationales".

Sur la base des faits exposés dans le texte ci-dessus et dans le rapport précédent, on peut affirmer sans risque de se tromper que la véritable raison de la destruction des dossiers Trudeau par le SCRS avait tout à voir avec des informations dévastatrices sur le rôle joué par le troisième premier ministre le plus ancien du Canada dans le contexte du "Grand Jeu" géopolitique de la Grande-Bretagne contre le monde.

Le rôle que joue son fils en tant que pion dans ce Grand Jeu, en poursuivant l'héritage dictatorial commencé par son père il y a 50 ans, ne peut être compris que de ce point de vue.

Matthew Ehret est le rédacteur en chef de la Canadian Patriot Review et Senior Fellow à l'American University de Moscou. Il est l'auteur de la série de livres " Untold History of Canada " et de Clash of the Two Americas. En 2019, il a cofondé la Rising Tide Foundation, basée à Montréal.

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